La rue Mallet-Stevens est une voie publique de Paris inaugurée le 20 juillet 1927 (photos ci-dessous), située dans le 16e arrondissement de Paris. C'était anciennement la rue d'Auteuil.
Robert Mallet-Stevens réalisera à partir de 1926 cette cité moderne idéale dans le quartier d'Auteuil, formée d'hôtels urbains dont son agence, une maison atelier pour un sculpteur et une maison de gardien. Les constructions se présentent comme des assemblages de volumes simples, surtout cubiques, articulés autour de cylindres.
Photographie de presse prise le 19 juillet 1927, par Meurisse, la veille de l'inauguration de la rue Mallet-Stevens. Au dos du cliché " La rue nouvelle dans le 16e arrondissement qui sera inaugurée demain. Elle porte le nom de l'architecte qui en a conçu le plan : Mr Mallet-Stevens. On peut se rendre compte de l'esthétique inattendue mais sympathique qu'elle crée. Un grand souci de confort et d'hygiène a présidé à la construction de ces curieux et luxueux immeubles. "
La rue Mallet-Stevens a été inaugurée le mercredi 20 juillet
1927 à 15 heures en présence de Monsieur Bokanowski, Ministre du Commerce et de
l'Industrie, et de Messieurs Bouju, Préfet de la Seine, Chiappe, Préfet de
Police, de Fernand-Laurent, Conseiller Municipal de Paris et, bien entendu, de Robert Mallet-Stevens.
Joël Martel devant son atelier de la rue Mallet-Stevens
La rue Mallet-Stevens vue depuis la terrasse des frères Martel
L'hôtel particulier de Robert Mallet-Stevens
Ci-dessus l'Hôtel Reifenberg et ci-dessous son hall d'entrée
L'hôtel Dreyfus
Ci-dessus et ci-dessous : La rue Mallet-Stevens a servi de décor, dès son ouverture en 1927, pour le tournage du film " La sirène des tropiques " de Mario Nalpas et Henri Etiévant.
Cette courte voie en impasse est célèbre parce qu'elle est
bordée de bâtiments conçus par Robert Mallet-Stevens, notamment aux numéros 9 -
12 avec une propriété multifamiliale achevée en 1927. Il s’agit d'une œuvre
importante du mouvement moderne, organisée pour créer des volumes qui se
développent en avancées, en terrasses, façades et autres effets qui font que
chaque appartement est unique.
Cette rue, large de 7 mètres et longue de 77 mètres, donne uniquement sur la rue du Docteur Blanche (au n° 9) à son début et se termine en impasse. C'est une rue essentiellement résidentielle qui ne comporte aucun commerce. Les plus proches sont situés dans la rue du Docteur Blanche. Elle est à double sens pour la circulation automobile.
Les proportions d’origine ont été compromises par l’ajout de
trois étages dans les années 1960.
Au numéro 10, se trouve l’ancienne maison-atelier (photo ci-dessous) des
sculpteurs jumeaux Jan et Joël Martel. Elle est classée, c'est le seul bâtiment qui a gardé ses proportions d'origine.
Le temps semble s’être arrêté dans l’hôtel particulier
construit en 1927 par Robert Mallet-Stevens pour les deux frères sculpteurs
Joël et Jan Martel. Les couleurs des murs au sol en passant par les huisseries
ou le mobilier intégré dessiné par l’architecte, tout a été restauré à
l’identique, avec minutie. Un bijou d’architecture classé que s’est offert
l’antiquaire fondateur de la Galerie 54, Éric Touchaleaume, en 2007. Un reportage de Sophie Pinet et des photos d'Olivier Amsellem.
Par la porte d’entrée, on aperçoit
l’escalier « sans fin » de l’hôtel Martel. Au premier plan, une chaise
Tropique de Jean Prouvé (1950).
La cuisine, dont les murs ont conservé leurs couleurs d’origine, offre des rangements sobres et fonctionnels. A comparer avec les éléments de la cuisine de la Villa Cavrois.
Dans la chambre, au pied du lit conçu pour
Jan Martel par Mallet-Stevens, chauffeuse basse de Pierre Jeanneret pour
Chandigarh (1955). Sur le radiateur, un cheval en bronze attribué à
Elie Nadelman (1910).
Face au lit, la penderie et le meuble à
linge suspendus ont été créés par Robert Mallet-Stevens pour Jan Martel.
Tableau de Victor Brauner (1925) et masque-ventre Makondé.
Mallet-Stevens, indifférent à la réflexion sur la réalisation des logements de masse n'a pratiquement construit que des hôtels particuliers ou des villas pour de riches bourgeois.
Les bâtiments de la rue sont un manifeste architectural du catalogue d'objets qu'il avait conçu dans « Une cité moderne ». Les principes sont simples:
Les bâtiments de la rue sont un manifeste architectural du catalogue d'objets qu'il avait conçu dans « Une cité moderne ». Les principes sont simples:
• des jeux de cubes
parfaitement blancs et lisses pour « unifier l'aspect de la façade, car les
volumes comptent plus que les détails constructifs »,
• des décrochés,
gradins, tours, jeux d'ouverture, auvents car « l'architecte sculpte un énorme
bloc, la maison ».
Les jeux de volumes, qui respectent les préceptes des CIAM (lumière, fonctionnalité, ventilation, santé...), sont animés de gradins et de décrochements, de volumes en cubes et en cylindres. Les jeux de vide/bâti et de retraits/gabarits, qui améliorent l'illumination de la rue et des bâtiments, créent également des terrasses. Les décors, concentrés dans les vitraux et le mobilier, animent les volumes.
Les jeux de volumes, qui respectent les préceptes des CIAM (lumière, fonctionnalité, ventilation, santé...), sont animés de gradins et de décrochements, de volumes en cubes et en cylindres. Les jeux de vide/bâti et de retraits/gabarits, qui améliorent l'illumination de la rue et des bâtiments, créent également des terrasses. Les décors, concentrés dans les vitraux et le mobilier, animent les volumes.
La rue est composée de cinq hôtels particuliers qui abriteront l'hôtel
et l'agence de Mallet-Stevens au n°12, la maison-atelier des sculpteurs Joël et
Jan Martel au n°10, les hôtels particuliers de la pianiste madame Reifenberg
(n°8), de Daniel Dreyfus (n°7) et de madame Allatini (n°3/5). La maison du
gardien (photo ci-dessous) est située au fond de la voie, au n°1.
Les cages d'escalier sont éclairées par des vitraux de Louis
Barillet, et les portes en ferronnerie sont de Jean Prouvé. L'ensemble sera
protégé en 1975, à l'occasion d'une campagne nationale destinée à protégée
l'architecture des XIXe et XXe siècles. La décision interviendra
malheureusement après la surélévation de la plupart des maisons et la
disparition du mobilier urbain dessiné par Mallet-Stevens.
Les années 20 seront notamment marquées par la construction
de villas (voies privées bordées de petites maisons) dans Paris. L'architecte
André Lurçat construira huit maisons, caractérisées par leurs toits en
terrasse, leurs enduits de couleurs vives et de larges baies vitrées, dans la
villa Seurat entre 1924 et 1926.
"L'architecture moderne peut faire autre chose qu'un
bloc compact ; il peut jouer avec une succession de cubes monolithes. La
décoration rapportée n'a plus de raison d'être. Ce ne sont plus quelques
moulures gravées dans une façade qui accrocheront la lumière, c'est la façade
entière. L'architecte sculpte un bloc énorme : la maison. Les saillies, les
décrochements rectilignes formeront de grands plans d'ombres et de lumière...
Surfaces unies, arêtes vives, courbes nettes, matières polies, angles droits, clarté,
ordre. C'est la maison logique et géométrique de demain".
La maison de Madame Allatini aux n°3 et 5
L'hôtel particulier du n°4
Maquettes
Maquettes de la rue Mallet–Stevens, réalisée par des
étudiants de l’École d’architecture de Saint–Étienne.
La maison du gardien, au fond de la rue |
L'habitation et l'agence de Robert Mallet-Stevens, à l'entrée de la rue |
La Villa Allatini |
La Villa Dreyfus |
L'atelier des frères Martel |
La Villa de Madame Reifenberg |
Archives
Ci-dessus le hall salon et ci-dessous la salle à manger de l'Hôtel particulier de Robert Mallet-Stevens.
Le salon de l'Hôtel particulier de Robert Mallet-Stevens
Elévations schématiques des hôtels particuliers de la rue Mallet-Stevens parues, en 1927, dans le numéro 14 de " L'Art d'aujourd'hui "