CMN numérique tous azimuts


Très impliqué dans le numérique, le Centre des Monuments nationaux exploite les outils les plus à la pointe de la technologie pour mettre en valeur le patrimoine. Coup d'œil sur les dernières innovations.

« Le numérique est une priorité de notre action stratégique », affirme Philippe Bélaval, président du Centre des Monuments nationaux (CMN). À la tête depuis 2012 de l’établissement public gérant près de cent monuments nationaux propriété de l’État, ce haut fonctionnaire disposant de son propre compte Twitter (@PBelaval) entend montrer que « le patrimoine n’est pas poussiéreux mais ludique. Le visiteur n’est plus un spectateur passif, il est très friand d’outils participatifs », dit-il. Ainsi le CMN, présent sur les réseaux sociaux Facebook, Twitter (@leCMN) et Instagram, possède sa propre chaîne sur le site d’hébergement de vidéos YouTube. Le moyen de « toucher un jeune public moins sensible à l’affichage traditionnel, intimidé par le patrimoine ». 


Les plus jeunes se voyant proposer des jeux vidéo mettant en scène des monuments du CMN : jeu d’aventure en ligne multi-utilisateurs en 3D temps réel, OFabulis, où le joueur représenté par un avatar évolue au gré d’énigmes dans dix-neuf monuments nationaux (château de Vincennes, basilique de Saint-Denis, abbaye de Cluny…) ; jeu vidéo sur iOS et Androïd Le Roi et la Salamandre invitant les 6-12 ans à découvrir de façon ludique et pédagogique les monuments nationaux liés à François Ier (palais du Tau, château de Rambouillet, château d’Azay-le-Rideau…). Simulex’Archéo, un jeu sérieux de « simulation de fouilles archéologiques » piloté par le laboratoire Archéologie des Sociétés méditerranéennes et la Maison de l’Orient et de la Méditerranée, est actuellement à l’étude. Doté d’une mission de la stratégie, de la prospective et du numérique depuis 2014 dirigée par Laure Pressac, le CMN propose aux visiteurs des expériences de visite enrichies et adaptées à des publics divers. 

« Précurseur de certains outils numériques comme la réalité augmentée à l’abbaye de Cluny en 2010, le CMN obéit à une logique de conservation et de connaissance des monuments », explique Laure Pressac. Ainsi une application de visite sur tablette tactile développée à l’occasion de la réouverture de la Villa Cavrois permet au public de visualiser la villa de Mallet-Stevens telle qu’elle était meublée à l’origine grâce à une reconstitution en 3D.

Écosystème numérique


Un site web convivial donne des informations sur l’architecte, l’histoire du bâtiment et sa restauration, et donne accès au document de visite, à un documentaire et à une billetterie en ligne. Renouvelé hier dans ses fonctions pour trois ans, Philippe Bélaval entend « généraliser l’offre en ligne, notamment à l’attention du public étranger ». Des actions à l’attention des publics « empêchés » sont aussi développées. Témoin le robot Norio que les visiteurs à mobilité réduite peuvent piloter pour découvrir les espaces et les œuvres d’art inaccessibles du château d’Oiron, dispositif qui a obtenu en février dernier le premier prix Patrimoine et Innovation(s) aux Rencontres nationales Culture & Innovation du CLIC France. À terme, Laure Pressac compte « construire un écosystème numérique en miroir du parcours in situ et des missions du CMN : préserver, montrer, valoriser », à l’exemple de l’exposition « Quatre vies en résistance » au Panthéon pour laquelle un site internet dédié, une application de visite, une frise chronologique interactive, une borne d’enregistrement vidéo et un livre d’or numérique ont été conçus comme autant d’outils de médiation.